Les cris de douleurs de la pauvre créature lacérée résonnaient dans l'esprit de la bête. Il la voyait comme si elle se trouvait sous ses yeux, il l'entendait comment si l'air expulsé de ses poumons venait faire vibrer ses tympans, il ne sentait comme si ses secrétions hormonales s'étaient frottées à ses narines.
C'était bien ça, il avait l'impression d'y être, tout comme il avait l'impression de voir ce que ces innombrables autres enfants accomplissaient. Car ils l'étaient, des centaines de milliers d'êtres pouvaient grouiller dans un seul et unique corps et Dieu seul savait combien d'âmes étaient infectées.
En parlant de Dieu il était bien entendu qu'il s'agissait de lui. Il était Dieu et ses merveilleux enfants étaient ses fils, ensemble ils étaient un nombre infini mais n'étaient qu'un. Ils étaient un tout, ils étaient légions.
Depuis combien de temps avait-il bien pu atterrir ici ?
Combien de siècles s’étaient écoulés depuis que son corps, chétif et faibles avait rampé lamentablement sur la terre aride du Rukongaï ?
Bien sur cette vision de lui-même il ne pourrait la partager avec quiconque, car il était Dieu et l’avait toujours été, et son esprit ne pourrait plus jamais envisager que son être avait pu être un faible…
A cette époque, les shinigamis n’existaient pas encore, ou tout du moins, pas la même manière qu’aujourd’hui. Ils n’étaient que des groupes armés cherchant à conquérir et à vaincre. Maintenant, ces êtres pitoyables s’étaient regroupé sous une même coupe et s’’étaient unifiés.
La guerre qui avait déchiré leur histoire pendant des siècles avait prit fin.
S’il en savait autant sur cette guerre, ce n’était pas par hasard.
Faute de l’avoir vécu directement, il l’avait assimilé.
Loin du monde, loin de tout il n’avait d’autre compagnie que ses petites proies, mais surtout que les innombrables prédateurs des marécages.
Sa puissance combattive était proche du niveau zéro et seul la fuite lui permettait d’échapper aux crocs des monstres qui le guettaient. Durant des années il vivait comme un rat, se faufilant, guettant avec crainte les alentours avant de sortir de son trou crasseux.
Un jour pourtant, il remarqua quelque chose de changé. Les hollows des marées semblaient plus rares.
Très vite, il se rendit compte que de nouveaux êtres avaient élu domicile ici. Lui n’en avait jamais vu, mais leur image lui rappelait vaguement quelque chose de familier, comme un souvenir lointain.
Ce qui parut le plus étrange à ses yeux, se fut l’attitude des hollows. Si jadis la plupart étaient des bêtes assoiffées de sang, elles marchaient désormais à coté de ce gibier.
Il fut vite repéré et amené dans cette immense cité au milieu de la jungle. Ces hommes comme ils s’appelaient, lui apprirent ce qu’ils savaient sur ce monde comme s’il était l’un des leurs.
Contrairement à leurs anciens ennemis, ils pensaient que les âmes et les hollows pouvaient cohabiter, mais face à tant de réticences à accepter la vérité et la violence qui s'en suivit, ils avaient du fuir et s’exiler, là où ils pourraient enfin prouver que leurs dessein étaient réalisables.
Si à cette heure certaines bêtes avaient pu être raisonnées, la plupart restaient indomptables du fait de leurs instincts animales.
Voici la raison pour laquelle certains d’entre eux avait décidés de transformer la nature féroce des hollows en leur permettant d’accéder à un stade plus évolué, en détruisant cette barrière invisible qui séparait leur coté bête et homme.
L’arrancarisation, grâce à celui, ses hommes et femmes arriveraient à prouver qu’ils avaient raison et que les créatures masquées pouvaient être des alliés et amis de taille.
Une équipe de scientifique s’attelait donc jour et nuit à réduire ce mur. Ils subirent des échecs, des déceptions, perdirent des vies, aussi bien hollows qu’humaines, mais grâce à la volonté et à l’intelligence d’un des leur, ils parvinrent plus tard à créer une substance capable de réaliser les plus grand miracles. Ces travaux, il les avait déjà commencé des siècles plus tôt mais avait du laisser son laboratoire, devant cette guerre qui déchirait ses terres.
Ils avaient mit un siècle à arriver à leurs fins et cette réussite allait inexorablement les conduire à leur perte.
Ils capturèrent les hollows et les forcèrent à subir la transformation et une fois conscient de leur nature nouvelle, ceux-ci pouvaient s’ils le voulaient, retourner à leur ancien état grâce à un inversement du procédé.
Dix ans plus tard, la quasi-totalité des hollows a des centaines de kilomètres à la ronde avaient été arrancarisés et tous vivaient en harmonie. Bien entendu, il y avait parfois des conflits et des drames, mais en aucun cas il ne s’agissait de conflits inter-races. S’ils avaient retrouvé une nature humaine, les hollows n’en étaient pas pour autant libérés des vices, il existerait parmi eux des hommes de vertus et des criminels, à l’instar des humains.
Lui observa d’un œil alerte tout ce qui se passa pendant tout ce temps, il fut lui même arrancarisé près d’une vingtaine d’année. Puis un jour, demanda à retourner à sa forme primaire. Ce genre de choix était chose rare, mais les humains le respectaient. D’autant plus qu’il faisait parti de ceux qui avait une conscience même à l’état de hollow.
C’était donc une symbiose parfaite qui s’opérait, la cité prospérait et les hautes instances commençaient à envisager de retourner sur leur terre d’origine.
Pendant ce temps, lui qui avait choisit de retourner au stade de hollow entamait une évolution éclair. Ici et là, des êtres disparaissaient de la circulation mais dans cette cité utopique et libéral, personne ne s’en inquiétait tant que l’on ne retrouvait pas un corps qui puisse prouver un crime.
La chair des arrancars était chargée d’énergie spirituelle, ainsi que celle de shinigamis. La plupart de ces êtres étaient vieux de plus d’un siècle, trop habitués à leur vie tranquille, la plupart des victimes ne se défendaient quasiment pas.
Après une cinquantaine d’année seulement, il avait atteint le stade ultime de son évolution, un stade divin. Vasto Lord.
Cette nouvelle ascension lui procurait une puissance gigantesque, mais encore inférieure à celle de certains êtres.
Lui qui n’avait été qu’une espèce de large jusqu’ici, était aujourd’hui un être à l’aspect humain, comme habillé d’une immense carapace immaculée. Sous celle-ci, il n’y avait nulles veines, nul cerveau, mais seulement un cœur, battant au milieu d’un millier de vers blancs.
Très vite il se rendit compte de la merveilleuse possibilité que lui offrait son pouvoir.
Une à une, âme par âme, il contamina l’ensemble de la population acquérant à chaque fois un peu plus de puissance et des connaissances immenses.
Ses vers contaminaient leurs victimes sans qu’elles ne s’en rendent compte, il ne fallait pas plus d’un ou deux vers pour permettre l’infection. Une fois installé et nourrit, ceux-ci proliféraient et s’installaient dans le cerveau. Le rongeant petit à petit en en remplaçant chaque parcelle.
Après quelques mois, il ne restait plus rien de l’âme, qui ne s’était rendu compte de rien. Le commencement de la perte de soi était trop anodin pour être remarqué. La suite laissait une sorte de vide, semblable à une déprime, puis une dépression et à la fin, il restait si peu de l’individu qu’il n’avait plus tellement de conscience.
Au bout d’un moment, certains tombèrent dans une sorte de coma, les médecins crurent d’abord à une épidémie, puis se rendirent vite compte de la véritable situation. Il était toutefois trop tard, le quart de la population était sous l’emprise de la bête et l’autre quart était déjà infecté. Il restait moins de la moitié des âmes qui pouvaient se battre contre l’ennemi. Mais quel ennemi ?
Qui était ce démon qui infectait ainsi les âmes et les contrôlait ? Une guerre civil éclata et rapidement, les habitants de la cité durent la quittée, acculés par les attaques des leurs, ainsi que par celles de ces serpents épineux engendrés par les cadavres des malades.
Une victoire faisait suite à une défaite et vice versa. Cette guerre sans pitié durant des dizaines d’années. Les forces jointes des hollows et des shinigamis arriveraient à prendre le dessus sur les vers mais les pertes étaient importantes et il était impossible pour les shinigamis de repérer une infection.
Des arrancars réussirent à la longue à développer une sorte de 6ème sens et à détecter chez certains individus les vers.
Il y eut alors une espèce d’immense chasse aux sorcières qui entraina l’éradication d’un grand nombre d’âme encore « humaines ».
Les rangs se divisèrent. Parmi les exécutés, la plupart étaient des shinigamis, on entendait alors parler d’extermination, de trahison. Les victoires étaient plus rares, la méfiance et la fatigue avaient affaiblit l’alliance qui n’était maintenant que l’ombre d’elle-même.
Les arrancars qui avaient réussit à détecter les vers se révélèrent être aussi infectés, mais dans une certaine symbiose avec le parasite la propagation était plus lente et permettait de développer certaines compétences, qui expliquait le 6ème sens.
Cette nouvelle enflamma une bonne fois pour toute la mèche et le massacre commença. Quelques mois s’écoulèrent avant qu’il ne reste plus rien de l’alliance. Les quelques âmes restantes s’exilèrent dans l’obscurité des marais et y périrent en moins d’une décennie.
De toute une civilisation, il ne restait plus que ce jeune scientifique, qui a un moment de sa vie avait réussit à créer la plus incroyable chose qui puisse être. Le temps avait passé depuis et ce jeune génie avait perdu de sa splendeur. Les rides se dessinèrent sur son visage tandis que les siècles passèrent. Il resta reclus ainsi en pensant à ce qui s’était passé, en retournant les choses encore et encore pour savoir s’il n’aurait pas été possible de changer le cours de son histoire. Petit à petit, Saru perdait tout ce qui avait fait de lui un grand homme.
Lui avait réussit, la victoire était totale. Il ramena petit à petit tout ses pantins et les assimila, laissant à des milliers de kilomètres à la ronde une centaines de serpents. Cet être à l’aspect humain était maintenant une immense chose dans laquelle grouillait des milliers d’âmes. Conforté dans sa toute puissance, il resta ainsi pendant des siècles déambulant dans un monde imaginaire et fantasmagorique.
Ce jusqu’au jour où l’un de ses serpents contamina une âme humaine. Cette puissance, ces nouvelles connaissances, ce nouveau monde qui s’offrait à lui.
Il était maintenant tant de se mettre en chemin. Lentement mais surement, il allait reprendre sa forme d’origine et user de l’objet pour s’arrancariser à nouveau.
Aujourd’hui il marchait tranquillement en direction du Seireitei. Ses enfants avaient contaminés déjà quelques shinigamis là bas, et lui se constituait une armée d’âmes. Il n’était pas pressé, il était Dieu et le temps n’avait pas cours sur lui. Il savourait seulement une idée, celle de voir la seule personne qui puisse le faire régresser mourir. Ses fils étaient déjà en route. En comptant l’âme qui avait foulée ses terres, ils étaient trois. Deux d’entre eux allaient accomplir leur macabre besogne tandis que le dernier accomplissait sa divine mission, répondre les voix de son Dieu.
Lui souriait. Bientôt ce monde serait sien.